Deuxième contribution pour notre rubrique "Paroles de fighteuse" avec Clémence Schreiber. Avec 1 combat à son actif au Belgium Beatdown, Clémence est encore une nouvelle dans le paysage du MMA français. Avec cet entretien, nous avons découvert une personnalité bien appuyée et une jeune femme pleine de vie.

Bonjour Clémence et merci de répondre à nos questions pour notre rubrique « Paroles de fighteuses » ! Comment as-tu découvert le MMA?

J'ai découvert le MMA par hasard. Après avoir mangé une glace au Mac Do avec un ami que je venais de rencontrer, j'ai évoqué le besoin de me dépenser, et il m'a dit « viens dans ma salle! » J'ai eu droit à ma première initiation au MMA. J'avais déjà fait de la boxe, mais avoir la possibilité de déplacer le combat dans toutes les dimensions, corps à corps, sol etc. ajoutait un aspect ludique. Je suis immédiatement devenue addict !

Quels sports as-tu pratiqués et pourquoi te mettre à un sport comme le MMA?

Gamine, j'ai fait de l'escrime mais sans plus. Les loisirs étaient plus consacrés à la musique. C'est dans ma vie d'adulte que j'ai commencé à m'épanouir sportivement. La boxe m'a toujours fascinée. L'imagerie qui en découle, les bruits d'une salle de boxe, l'odeur de sueur, de cuir...c'est une ambiance qui m'attirait et m’apaisait. Au tout début, comme je n'y connaissais rien et ne fréquentais pas de boxeurs, je suis allée sur internet et je me suis renseignée. A l'époque j'habitais dans le 18eme à Paris et j'ai vu qu'il y avait un club de boxe française pas loin de chez moi Porte de Clignancourt. Je me suis dis que la Savate c'était bien pour commencer. Ce que j'aime dans le MMA, c'est la richesse des possibilités d'attaque et de défense qui sont offertes aux combattants. Pour moi la cage est un terrain de jeu. Certes il y a des coups qui font mal mais ça rend la chose plus excitante et la douleur me motive. Quand quelqu’un me fait mal, mon énergie se libère d'un coup ! Après il s'agit de la canaliser ! Et puis j'aime souffrir alors le MMA, c'est parfait !

Que retiens-tu de ton expérience au Belgium Beatdown et comment s'est passé ce combat?

Mon expérience au Belgium Beatdown m'a donné encore plus faim pour retourner combattre. J'ai perdu par arrêt de l'arbitre. Mon adversaire était en montée sur moi et envoyait les coups. Comme ma défense a été jugée inefficace, l'arbitre a arrêté. C'était mon premier combat et je ne savais pas quelles allaient être les sensations. Maintenant les choses sont plus claires dans mon esprit et je pourrai mieux appréhender mon prochain combat. J'ai aussi réalisé ce qui avait manqué dans ma préparation et je sais quoi changer.

Il me semble que tu es comédienne, n'est-ce pas incompatible?

Comédienne et combattante sont deux activités assez similaires. Monter sur scène ou monter dans la cage procure la même adrénaline. Jouer avec un partenaire ou combattre un adversaire, ça reste un échange, il faut savoir s'adapter en fonction de ce qu'on reçoit. Etre à l'écoute sur scène, observer dans la cage. La gestion du stress dans les coulisses ou dans les vestiaires, l'engagement du corps et du cœur. Pour moi ce sont deux arts que l'on ne peut bien faire qu'avec passion.
Au quotidien être comédienne et faire du MMA est une question de gestion de planning. Il faut ruser pour les entraînements, y aller le midi quand on joue le soir ou le soir quand on répète la journée. En tournée c'est footing. Et avant un tournage on évite les mises de gants pour ne pas arriver sur le plateau couverte de bleus. Mon rêve serait de pouvoir concilier mes deux passions et jouer un rôle qui demande un peu de castagne !

Aux entraînements, y a t-il d'autres femmes? Comment se passent les sparrings?

En règle générale je suis la seule fille aux entraînements. Je tourne avec les garçons.

Comment évalues-tu le MMA féminin en France?

Le MMA féminin est trop anecdotique. Il n'y a pas beaucoup de femmes, donc forcément peu d'émulation et peu de niveau.

Quelle est la meilleure combattante pour toi et pour quelle raison?

Je ne connais pas beaucoup de combattantes. Les têtes d'affiche bien sûr Ronda Rousey et Cris Cyborg. J'ai hâte de les voir s'affronter et attends une victoire pour Cyborg. Elle est plus complète que Ronda et ses frappes pourraient désamorcer la mécanique Rousey.

Si tu avais un mot à dire aux organisateurs pour qu'ils pensent aux femmes, que dirais-tu?

Les femmes savent faire le spectacle aussi bien si ce n'est mieux que les hommes. Les combattantes ont faim et n'attendent pas la 5eme minute pour faire quelque chose. Les combats féminins sont hargneux et il y a beaucoup d'action. Introduire des femmes dans les évènements attirerait un public plus divers. Je le vois autour de moi. Des personnes (souvent des femmes) qui ne s'intéressaient pas aux sports de combat deviennent curieuses quand je leur en parle et souhaiteraient voir des combats féminins. Ce serait les combats féminins qui leur permettraient de pousser pour la première fois la porte d'un gala de MMA ou de pancrace.

Parlons de ton profil, dans quelle catégorie combats-tu?

Je combats en -58kg mais je peux monter ou descendre de 3kg.

Tes objectifs dans ce sport?

Je ne suis qu'au début. J'ai envie de faire des combats, à mon niveau, d'avancer, de progresser, et de rencontrer des adversaires plus coriaces. Je fonctionne au plaisir. Tant que je m'amuse je continue. Et pour le moment je m'amuse beaucoup !

Photos de Choukhri Djelassi