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Interview d'Anne Pellaud

26-05-2011 é 18:34:45    France Fight    Interviews



En ce dimanche 13 mars 2010 , FranceFight vous propose une interview exclusive d'Anne Pellaud, Manager du Département Sport et Communication au sein de la FILA . Nous abordons en sa compagnie divers sujets , plus intéressants les uns que les autres ...


(photo: Anne Pellaud au SportAccord Combat Games 2010)

 


1) Peux-tu te présenter ?




Je suis originaire de la ville de Martigny (SUI) dans laquelle le HFC3 et le Grand Prix FILA auront lieu les 6-7-8 mai 2011. J’ai fait des études d’anthropologie et de sociologie à l’Université de Lausanne et à l’Université de Greensboro en Caroline du Nord (USA) et j’ai obtenu mon Master en Sciences Sociales en 2009. Mon mémoire a porté sur l’univers référentiel et la construction identitaire des combattants de MMA. Il a été récompensé par un prix de faculté en 2010 pour « l’originalité du sujet et la qualité des analyses et du texte produit ». Je travaille à la Fédération Internationale des Luttes Associées (FILA) depuis 2006. J’ai eu pour premières missions de réorganiser la gestion administrative des compétitions de lutte olympique (mise à jour des règlements et des cahiers des charges, procédures de suivi des tournois et des arbitres) et d’organiser l’inauguration du nouveau siège de la FILA qui a accueilli quelques 300 délégués du CIO et de nos Fédérations Nationales. Depuis 2007, je suis principalement en charge du développement et de la promotion des styles non olympiques rattachés à la FILA : grappling, MMA amateur (pankration et grappling combat), beach wrestling, et toutes les luttes traditionnelles pratiquées à travers le monde. Je coordonne également les travaux liés à l’identité visuelle de la Fédération et gère la partie éditoriale de notre site internet.

2) Qu’est-ce que la FILA exactement ? Son rôle ?

La FILA est l’organe dirigeant de toutes les formes de lutte pratiquées dans le monde, telle que reconnue par le Comité International Olympique et SportAccord. Elle a été fondée en 1905 comme organisation faîtière de la lutte et de l’haltérophilie (qui s’est ensuite fondée comme fédération indépendante). La lutte olympique a toujours été son activité principale, mais elle a également une longue histoire de gestion des disciplines non olympiques telles que le sambo qu’elle a développé pendant 30 ans ou la lutte traditionnelle qu’elle promeut depuis les années 80. Dès le début de son mandat en 2002, l’actuel Président de la FILA, M. Raphaël Martinetti, a insisté sur la nécessité d’offrir un meilleur encadrement aux disciplines non olympiques afin de leur offrir des opportunités jusque là réservées aux seules styles de lutte olympique. Ces nouvelles orientations ont reçu l’accord unanime du Bureau Exécutif et du Congrès de la FILA, organe suprême de notre Fédération.

Depuis 2006, la FILA investit donc de gros efforts dans le développement des disciplines mentionnées plus haut. Son rôle est de faire en sorte que ces sports soient gérés selon les valeurs propres au sport amateur et de les faire sortir de logiques purement commerciales (clubs privés, entreprises en charge des compétitions, etc). Au travers des 171 Fédérations Nationales rattachées à la FILA, les disciplines non olympiques ont désormais la chance de pouvoir être officiellement reconnues par les Ministères des Sports et les Comités Olympiques de leur pays, d’accéder à des formations reconnues par l’Etat et de prendre part à des compétitions internationales de haut niveau, organisées selon les standards olympiques, avec un arbitrage impartial et des médailles qui peuvent être valorisées auprès des ministères. Sous l’impulsion de son Vice-président, le Japonais Tomiaki Fukuda, la FILA a également commencé à se pencher sérieusement sur la question du MMA, d’abord sous l’angle amateur afin d’offrir une trajectoire aux athlètes qui souhaitent s’engager dans des carrières professionnelles et maintenant en travaillant sur un projet d’accords de partenariat avec des organisations professionnelles.

3) Quels sont ses membres ?

La FILA se compose de deux types de membres : affiliés et associés. Les membres affiliés sont les Fédérations Nationales de lutte (au nombre de 171 à l’heure actuelle) qui disposent d’un droit de vote au Congrès de la FILA. Ces Fédérations Nationales sont habilitées à gérer les disciplines non olympiques si elles le désirent, tel que le fait la FFL pour le grappling. Au cas où une Fédération ne souhaite pas s’engager en faveur des styles non olympiques, la FILA peut reconnaître des membres associés qui n’ont pas droit de vote au Congrès, mais qui peuvent s’exprimer lors des Assemblées Générales du Comité Mondial de Grappling et Pankration et du Comité Mondial des Luttes Traditionnelles. Ces deux organes sont formés de membres ayant une grande expérience dans les sports concernés et qui nous apportent un soutien considérable dans le travail de structuration de ces disciplines au niveau mondial.

 



 



4) Penses-tu que le MMA est un sport ? Peux-tu me donner ta vision (féminine) ?

Je pense que le MMA est pratiqué par des sportifs accomplis. Par contre, historiquement, il ne s’est pas développé selon les critères habituels propres au sport. Il repose sur des logiques purement commerciales et les athlètes se retrouvent sous le joug des lois du marché (une promotion qui fait faillite et les opportunités de combat disparaissent), de questions de favoritisme ou de cote de popularité (des clubs qui reçoivent systématiquement les meilleures offres de combat avant les autres, des combattants qui se voient proposer des title fights sans logique apparente) et du contexte social/politique (acceptation ou rejet de l’opinion publique, des gouvernements qui bloquent la discipline par le haut, la chute du Pride en raison de son infiltration par la mafia japonaise, etc.).

Pour que le MMA puisse s’affirmer en tant que sport et assurer sa pérennité, il va falloir qu’il embrasse certaines valeurs, telles que l’adhésion des clubs et des athlètes à des Fédérations Nationales et Internationale qui puissent offrir un cadre légal et institutionnel à la discipline, comprenant : l’établissement de normes strictes en ce qui concerne les règles de compétition et les conditions sanitaires et financières, la protection des athlètes par le biais d’une licence-assurance, la formation d’arbitres et d’entraîneurs, la sensibilisation de l’opinion publique et des jeunes, l’accès des athlètes aux plus hautes compétitions en fonction de leur parcours et de leur mérite et pas seulement grâce au carnet d’adresses de leur manager, etc. La FILA s’est donné pour mission de concourir à cette légalisation et institutionnalisation de la discipline à travers le monde. Une étape cruciale dans ce processus consiste en la création d’une passerelle entre les sports de combat traditionnels et la pratique du MMA au niveau professionnel. La FILA a donc décidé de développer une discipline de MMA amateur sous l’appellation de « grappling combat » qui vise à offrir des opportunités d’entraînement et de compétitions nationales et internationales (tournois, Championnats d’Europe, Championnats du Monde, Combat Games) afin que les athlètes puissent s’aguerrir et obtenir l’expérience nécessaire (que ce soit au niveau sportif, mental, ou social) pour envisager le passage à la compétition professionnelle au bon moment. Par le biais d’accords de partenariat qui seront signés avec des organisations professionnelles, la FILA entend également offrir des opportunités concrètes aux athlètes qui s’illustrent en grappling combat.

En ce qui concerne mon point de vue féminin, je pense que la lutte pour un accès égalitaire des femmes à toutes les sphères de la société est loin d’être terminée et qu’il en va du devoir des Fédérations Nationales et Internationales de l’étendre à tous les sports qu’elles dirigent. Une des directives de la FILA envers les Fédérations et les organisations professionnelles avec qui elle travaillera sur les projets de MMA sera d’inclure systématiquement des combats féminins dans les événements afin d’offrir plus d’opportunités aux combattantes et d’augmenter le nombre d’adhérentes aux clubs.

5) Que penses-tu de la situation du MMA en France ?

Comme beaucoup, je pense que les raisons du « bannissement » du MMA en France sont liées au système politique et sportif propre à votre pays dans lequel le pouvoir décisionnel est concentré au sommet de la pyramide (contrairement au système politique suisse où le peuple et les cantons prennent la majorité des décisions) et qui permet aux hautes sphères d’influence du milieu des arts martiaux et des sports de combat d’exercer des pressions sur le ministère, les organisateurs, les athlètes et les préfets.

Mon unique réponse à ce problème est d’encourager la communauté du MMA française à se fédérer et à travailler sur les structures d’encadrement et de promotion du MMA amateur jusqu’à ce que la situation soit suffisamment développée pour permettre au MMA professionnel de s’imposer. Je suis personnellement amusée par les pétitions adressées au ministère dans un contexte où tout reste à mettre en place. Si l’on prend l’exemple de la Suède, le MMA a été interdit au même titre que la boxe pendant plusieurs années, mais le gouvernement a accepté d’ouvrir une période probatoire de deux ans suite au travail effectué en amont pour établir une fédération, mettre en place des règles sportives et sanitaires, généraliser des programmes de formation, garantir des principes de transparence et de bonne gouvernance des événements, etc. Grâce à ce travail de fond, la Suède s’est sortie victorieuse de la période de probation et offre aujourd’hui les événements qui sont, à mon avis, les meilleurs en Europe avec ceux organisés en Pologne. Je pense que les Français, au lieu de brandir des pancartes et de monter des groupes sur Facebook, devraient prendre exemple sur la Suède et effectuer un travail de terrain afin d’acquérir les armes nécessaires pour mener ce combat qui leur tient à cœur.
 

 

6) Et des raisons pour lesquelles le grappling combat est refusé par le Ministère ?

Le grappling combat a reçu un avis défavorable de la part de la Sous-Direction des Sports sur la base d’arguments erronés et d’un manque de connaissances de la situation internationale actuelle. La FILA a envoyé une réponse au Ministère pour faire valoir ses droits et ceux de la FFL et a demandé à la FFL de l'envoyer à tous les clubs de France pour qu’ils puissent prendre connaissance de note position officielle. La pratique de cette discipline en France est donc momentanément suspendue jusqu’à nouvel ordre.

 

Consultez la lettre de la FILA au ministère:




Par contre, la pratique du grappling combat va bon train dans les autres pays et sur le plan international. Le premier « Grand Prix FILA » sera organisé à Martigny les 7 et 8 mai 2011 et tous les athlètes français de grappling et grappling combat seront autorisés à y participer à condition qu’ils soient licenciés à la FFL. Ce tournoi lancera le nouveau concept de classement mondial des athlètes qui est appelé à connaître un grand succès dans les années à venir. Il est construit sur les mêmes principes que le classement ATP des tennismen. A partir de cette année, les athlètes de grappling, pankration et grappling combat recevront des points pour leur performance durant les Championnats du Monde et Continentaux ainsi que durant les 4 Grand Prix FILA organisés au cours de l’année. A la fin de ce circuit, le meilleur athlète de chaque style sera décoré par la FILA et recevra une prime en espèces. A noter qu’hommes et femmes recevront une prime identique.

J’encourage tous les athlètes que la décision du ministère frustre à venir à Martigny afin de démontrer leur mobilisation face à cette prise de position et participer à une grande rencontre internationale. Que ce soit en voiture, en TGV ou en avion, la Suisse est accessible de la France à bas prix. Les conditions financières de participation ont été maintenues au plus bas avec 25 euros pour un jour de compétition et 40 euros pour deux jours et la possibilité de loger en dortoirs pour 10 euros. En plus de compter pour le classement mondial, le tournoi sera associé au HFC3 qui aura lieu le 6 mai dans la même salle et les participants au tournoi bénéficieront d’un rabais sur les billets d’entrée. Un séminaire de 3 heures de Jeff Monson sera également organisé et des primes de 1000 CHF distribuées aux vainqueurs de la catégorie absolue en Gi et No-Gi. Les confirmations de participation commencent à arriver et l’Ukraine, le Canada, la Suède et les USA ont confirmé leur présence, avec une participation très attendue de l’Alpha Male Team d’Urijah Faber qui fera le déplacement depuis Sacramento, Californie.
 



7) Rencontrez-vous les mêmes difficultés à faire reconnaître le grappling combat dans les autres pays?

Non, le grappling combat n’a rencontré aucune résistance dans aucun autre pays affilié à la FILA.

8) Quels sont les projets pour l’Europe et surtout pour la France?

Un projet qui me tient particulièrement à cœur est la mise en place d’une ligue interclubs dans tous les pays. Pour l’instant, les athlètes ont seulement l’occasion de s’illustrer sur le plan individuel. Des rencontres interclubs pour déterminer la meilleure équipe du pays auront de nombreux effets bénéfiques, notamment : l’augmentation du nombre de clubs affiliés à la Fédération Nationale, une activité plus régulière sur le plan national, la possibilité pour les organisateurs et les arbitres de devenir plus performants dans la gestion des compétitions, un meilleur esprit d’équipe entre les athlètes (y compris de manière transnationale lorsque des académies sont implantées dans plusieurs pays) et des opportunités de sponsoring accrues. Les meilleures équipes de chaque pays s’affronteront ensuite dans une finale qui couronnera le meilleur club au monde. Ce projet est en cours de développement, mais j’espère que la France sautera sur l’occasion pour l’implanter sur son territoire.

9) As-tu un message à passer, un sujet sur lequel tu veux revenir ?

Au travers de cet entretien, j’ai essayé de mettre en évidence les efforts qui ont été accomplis par la FILA et ses Fédérations Nationales pour faire sortir le grappling et les autres disciplines apparentées d’un état de chaos généralisé et de leur ouvrir l’accès à des compétitions prestigieuses. Le plus bel accomplissement jusqu’à présent a été l’inclusion du grappling et du pankration au programme des Combat Games organisés par SportAccord à Pékin en août 2010. David Pierre-Louis, Océane Talvard et Matthieu Husson méritent d’être interrogés à ce sujet pour témoigner de la dimension tout à fait exceptionnelle qu’ont pris ces disciplines à ce moment-là. Des avancées très concrètes sont en train de se réaliser et il est important que les athlètes et les clubs comprennent la nécessité de soutenir ce mouvement en s’affiliant à la FFL et en donnant priorité aux compétitions officielles inscrites au calendrier de la FFL et de la FILA.

Merci Jonathan pour cette opportunité de transmettre ces informations importantes sur France Fight !

Je te donne rendez-vous dans deux mois dans la ville de Martigny !
 

 

Merci a toi et a Bientot !


 

 

Informations et programme du Grand Prix FILA:



 

 

Les question sur le Grand Prix FILA peuvent être envoyées à anne@fila-grappling.com

Si vous voulez debattre , c'est sur le forum que ca se passe : http://francefight.fr/forum/viewtopic.php?f=26&t=335


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