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Non! à l'amalgame

30-09-2014 é 16:05:53    Incredible    Culture


Ce n’est pas un scoop, dimanche soir, l’émission Enquête exclusive sur M6 a adressé un bien mauvais message, nauséabond, ne s’empêchant pas de faire un amalgame dangereux et scandaleux entre le MMA et les combats clandestins. Annoncé quelques jours auparavant, beaucoup craignaient les images qui allaient être diffusées et le ton donné à ce reportage… pardon ce ramassis de merde. Désolé M6 mais tu ne m’as pas fait détester le MMA, tu m’as fait détester un peu plus ta profession. Bernard de la Villardière a beau avancer aujourd’hui qu’en aucun cas le reportage ne vise le MMA (c’est bien de continuer à nous prendre pour des cons), le constat est fait. Honte à vous qui êtes allé démarcher des clubs de MMA en leur vendant un reportage sur notre discipline, un reportage positif! Foutage de gueule!

Enquête exclusive, c'est avant tout du sensationnel mais peu d'information...

Cet article n’a pas l’ambition de développer tout ce qui a été fait pour notre discipline. Vous qui nous suivez et suivez ce que font nos confrères n’avez pas besoin qu’on vous le développe. Pas plus qu’il n’a pour but de parler des combats clandestins (ils existent évidemment, sûrement bien plus violents que ce qu’on a vu dimanche, soyons honnêtes).

On commencera par critiquer le terme premier employé par les journalistes (si on peut appeler cela du journalisme) en parlant de free fight, et non de mixed martial arts. Cela fait des lustres qu’on n’utilise plus ce mot. Ensuite, on peut décrier un montage très suggestif, des propos volontairement déformés et un aiguillage douteux sur le ton du sujet. Et voir le journaliste s’essayer au MMA à la fin, comme pour dire, « regardez, si je m’y mets, je vais pouvoir moi aussi aller me bagarrer dans une cave ! ». C’est ça sa volonté ? C’est donc ça son investigation ? Travail bâclé, travail foiré !

Ce qu’il en ressort vraiment quand on ne connait pas le MMA : notre discipline n’a pas de règles, est pratiquée par des voyous, et j’en passe. Témoigner à visage découvert, sans cacher son identité démontre bien que les intervenants ont très honnêtement été mal briefés, quelque peu trahis aussi car on les a fait aller là où on a voulu  qu’ils aillent. Entre le gars qui sort en pleine rue avec sa cagoule pour « être discret », les deux mêmes policiers floutés qui font le tour du marché, de la rue, de la salle, bref de tous les endroits du reportage, mais aussi les protagonistes de la boite de nuit, on peut crier au sketch. Car oui, en bien des endroits ce reportage est drôle et caricatural à souhait. N’est pas comédien qui veut et le scénario de la production ne débouchera sûrement pas sur la découverte de nouveaux talents oscarisables car franchement les combattants que l’on voit ne semblent pas vraiment retors, contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire.  A visage découvert en plus, on a connu voyous plus impressionnants et dangereux !

Sans nul doute, le reportage porte préjudice à tout le travail fourni par les combattants, les coaches, les éducateurs, les fédérations, la presse spécialisée qui travaillent d’arrache-pied pour rendre notre discipline aussi légitime que possible aux yeux du grand public. Le nombre de réactions et le tollé créé sont la preuve que nous sommes tous soudés et solidaires. Il faut croire que les journalistes de M6 avaient pour mission de tout saccager, comme ils l’avaient déjà fait quelques années avant. Une mission ? Une commande ? Un lobbying ? Il y a de quoi se poser des questions.

Que dire aussi de leur utilisation du rappeur Morsay, invité une nouvelle fois par la production pour faire le buzz ? Après ses aventures à Miami pour la même émission, le voilà donc organisateur de combats clandestins. Quel talent ! Tout porte à croire qu’à l’instar de la série des livres « Martine » (Martine à la campagne, Martine à la mer, Martine fait du cheval), M6 envisage de créer une série avec Morsay en guest star (Morsay débarque à Miami, Morsay vend des t-shirts aux puces, Morsay combat dans une cave).

Besoin d'exister ? Faire le "Buzz" ? Morsay n'aura vraiment pas aidé notre cause...

Parlons desdits combats. On nous les décrit comme des bagarres de rue, sans règles, sans protection… on voit bien que les gars combattent avec des gants, on arrive à arrêter les choses assez vite, il n’y a pas de sang. On est quand-même à des années lumière du fantasme de Fight Club et de l’effet d’annonce publicitaire. Vraiment loin. Les rencontres ne sont pas forcément équilibrées, voire pas du tout, le scénario du ring monté par les lumières des phares (super discret) est risible, l’organisateur du parking qui se montre avec sa fille l’est tout autant. L’argent en jeu (après quelques recherches, on se rend compte que les sommes annoncées sont fausses) est à dénoncer c’est un fait mais aller à la rencontre de combattants et d’entraineurs de MMA, dans leur salle, pour les associer à un tel reportage, quelle trahison !

Fight Club a certes été un véritable phénomène, un film culte pour le plus grand nombre, une sorte de fantasme vivant faisant l’apologie du combat clandestin, au sein d’une société perdue. C’est là que le reportage aurait pu être intéressant. Pourquoi cette jeunesse veut-elle se battre dans des caves ? Pourquoi se filer des coups pour du fric ? Mais non, rien de tout ça. On ne les a pas vus ces jeunes-là qui se battent vraiment sans règles. Peut-être que les journalistes ont préféré le confort de leurs hôtes comédiens, pas bien méchants, aux souterrains piégeurs où le sang coule. Ceux qui s’attendaient à voir du sang ont dû être déçus dimanche soir.

Comme l’a dit Julien Sévéon dans une lettre ouverte aux journalistes, ils auraient pu aller voir du côté de l’Angleterre où se pratique la boxe à mains nues, en toute légalité. J’ai bien dit boxe, pas MMA (bareknuckled boxing). Il y a là un vrai sujet sociologique et traditionnel à exploiter. Non, non, on ne voudrait surtout pas cultiver l’audimat. Et voir ce qui se fait hors de nos frontières, l’essentiel est de détruire ce qu’on fait ici, tout le travail accompli.

 

On a retrouvé l’un des protagonistes, Karrar, qui se dit aujourd’hui « dégouté » par ce qu’il a vu à l’écran. Ne niant pas le fait d’avoir fait deux combats de ce genre, il revendique n’avoir jamais fait de combats sans règles, sans protection. Juste le besoin de se défouler, affronter un opposant consentant, dans des règles fixées et dans la mesure où un arbitre arrête le combat à temps. C’est son choix, qu’on soit d’accord ou pas, on ne le jugera pas.  On le met en scène lors de ses entrainements, dans sa team, avec ses coaches. Son combat clandestin ? Un combat avec des règles, des gants, un arbitre. Un combat qui s’arrête vite. Sûrement un mauvais choix d’avoir accepté de le faire, d’autant plus pour M6, une commande de la chaine en somme.

Karrar, quel est ton sentiment après avoir vu le reportage sur M6 hier soir ?

Je me suis rendu compte qu’ils ont raconté pas mal de conneries. Par exemple, je n’ai jamais perdu ma licence de boxe (soit disant suite à des condamnations pour violence). Je ne me suis jamais fait plus de 1000 euros et j’en ai fait que deux des combats comme ça (selon le reportage, il les enchaine très régulièrement). J’ai juste eu une année pas terrible en termes de blessures (fracture au nez et un épanchement de synovie au genou) qui m’ont empêché de m’aligner sur des compétitions prévues, notamment chez Atch.

Comment as-tu été contacté par la production ?

J’ai été approché par M6 par une journaliste qui s’appelle Camille. Elle voulait faire un reportage sur les combats clandestins. Elle m’a été présentée par Morsay, un ami d’enfance! (Cette fameuse Camille qui a coupé ses comptes sur les réseaux sociaux, qui a fait, soyons honnêtes, une bouse de travail, une grosse bouse même et qui n’en assume pas les conséquences. Alors oui, elle lui a demandé de rester naturel. Aucune véhémence de sa part, un contact sympa et facile, pour ensuite venir critiquer ces « cassos » dans sa prose. Bravo madame !)

Quel a été ton parcours sportif ?

J’ai commencé le judo à l’âge de 8 ou 9 ans jusqu’à mes 22 ans, j’ai ensuite touché un peu à la boxe anglaise pendant 2 ans et je fais du MMA depuis 6 ans. Mes objectifs dans ce sport sont de faire quelques évènements reconnus en France en pancrace pour pouvoir accéder au MMA en Europe si possible si mon niveau le permet! »

Karrar aura éclairci quelques points en notre compagnie.

C’est tout le mal qu’on lui souhaite car entre nous, il n’a rien d’un branleur, rien d’un méchant, rien du mauvais bougre qu’on essaie de nous vendre. Juste un gars qui veut combattre ! Il n’a certes pas choisi la meilleure façon de le montrer dans ce reportage mais l’objectif des journalistes n’était pas de dresser un portrait du MMA mais bel et bien de casser l’image de ce sport.  S’il faut l’affronter officiellement pour prouver que ce gars est un vrai combattant, avec des valeurs qui nous sont communes, alors je le ferais avec plaisir.

 

Par ailleurs, voici comment Christophe Chapuis (combattant professionnel, entraineur) a été approché: "Camille Courcy s’est présentée à moi en compagnie d’un certain Bilal, en m’expliquant qu’elle réalisait un reportage sur le MMA mais également sur ce certain Bilal, se présentant comme ancien boxeur qui souhaitait s’investir dans le MMA (et non freefight). La journaliste m a bien indiqué qu’elle souhaitait maintenir une ligne de conduite. («Je ne veux pas faire les mêmes reportages pleins de préjugés que d’autres ont pu faire, elle cite même en référence, le reportage réalisé par Ariel Wizman pour canal+)
Au vu de ses dires, Camille Courcy me semble de bonne foi, je l’ai donc autorisée à filmer une séance en compagnie d’une vingtaine de mes élèves. Je ne vous cache pas ma surprise lorsque j'ai vu à l’antenne ce soit disant Bilal (Jérôme dans votre reportage) se présenter en fait comme organisateur de combats clandestins. Ce qui après investigation est une pure invention. (Et oui nous ne sommes peut être que des brutes épaisses qui ne pensent qu’à la violence, mais il nous reste quelques neurones pour vérifier nos informations avant de les délivrer au grand public)."

 

La petite chaine qui (ne) monte (plus depuis longtemps) a-t-elle à ce point besoin de faire de l’audimat qu’elle en oublie les règles premières de sa profession : franchise, objectivité, véracité des propos. Là tout a été exploité. Entre un rappeur qui veut faire du buzz, une discipline meurtrie par tant d’attaques, des jeunes très certainement naïfs et qui s’ennuient, la recette était parfaite pour dire n’importe quoi et montrer n’importe quoi. Je n’ai pas regardé jusqu’au bout je dois dire. Je m’attendais à de la vraie violence sur les combats clandestins et pour le coup, je n’ai rien vu de tel, si ce n’est des affrontements déséquilibrés et finalement une très pâle mise en scène (pour 6 mois de travail, le résultat est médiocre). C’était quand-même mieux à regarder, Kimbo Slice !

L’histoire du trader aurait pu être intéressante. Mais encore une fois, ils ont choisi d’aller dans le seul état des USA qui interdit le MMA. Encore une fois ils ont choisi de parler du négatif pour décrire le sport que nous aimons et traduire MMA par freefight et non par MMA.

Non, nous ne sommes pas des « cassos », des abrutis, des voyous. Notre sport brasse tellement de pans de la population, un melting pot d’origines de cultures, de professions : des juristes, des commerciaux, des plombiers, des militaires, des infirmières, etc. Nous sommes tous d’accord pour se dire que l’aire de combat est l’un des seuls endroits où l’on peut trouver autant de respect avec l’adversaire (le partenaire, pour citer Aurélien Duarte que j’ai rencontré récemment). Des valeurs, du partage.

Non M6 ne gâchera pas notre relation avec le MMA tout bonnement parce que dimanche soir, il n’était pas question de MMA mais bel et bien d’une campagne de désinformation. Un scandale, oui, né du travail d’une des plus absurdes storylines de la télé réalité. Non Monsieur Bernard de la Villardière et Madame Camille Courcy, pour moi vous avez échoué, hors sujet total. Peut-être pourriez-vous postuler pour écrire les scénarios des réalités fictions. Votre travail, on ne peut y croire, c’est tellement gros et connoté.

Par contre, ce qui est grave, c’est d’avoir assimilé notre sport à du combat de rue, sans règles, sans valeurs, sans respect. Venez donc dans les salles où on sue, où l’on s’entraine dur. Venez donc sur les galas où on se congratule entre combattants, où l’on s’encourage, où l’on est tous une grande famille. Venez vraiment voir ce qu’est le MMA. Arrêtez de vous contenter de croire ce qu’untel a pu dire, ce qu’untel a pu vous faire croire, ce que votre désir de sensations fortes et de sensationnalisme peut engranger. Vous gâchez bien du travail, vous gâchez bien des mérites. Quand vous rétorquez que vous n’avez absolument pas parlé de MMA, visionnez de nouveau votre reportage. Vous faites un gros parallèle, créant sans nul doute possible la confusion…

Votre reportage est hors sujet : vous vouliez traiter de MMA, de combats clandestins dans les banlieues. Ce sont deux sujets différents, aux antipodes l’un de l’autre, mais s’il-vous-plait, gardez-vous bien de vouloir en refaire. Laissez cela aux personnes compétentes et objectives.

Nous ne nous considérons pas comme des journalistes: nous n'en avons ni le diplôme, ni le statut, ni la carte... Néanmoins, je pense qu'à France Fight, nous avons quelques valeurs: l'objectivité, la véracité de ce que l'on écrit, la vérification des sources, le respect des gens dont on parle aussi et le refus de se tourner vers le sensationnalisme. Ce qui a été diffusé dimanche soir n'est pas du journalisme, au sens noble du terme, mais bel et bien la caricature d'un métier qui se consume peu à peu à vouloir vendre, choquer, mentir, trahir et prendre les gens pour des abrutis.

 

Bernard, Camille et Valérie. Calmez vous... et sans rancune.



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