Il n’y a encore pas si longtemps que cela, le nom de Patrick Vallée (10/5/1/2 - team EAM) résonnait dans quasiment toutes les bouches des aficionados du MMA à la française. Avec son style si particulier, sa coolitude générale et le danger évident qui émanait de ses poings et de ses coups, Vallée était l’un des chouchous du public. Et puis, d’un coup presque plus rien. Bizarre de voir qu’il suffit de quelques défaites, normales dans une carrière, pour que le public finisse peu à peu par oublier ses anciens héros. Avec sa victoire récente au Canada, France Fight a décidé de faire remonter Vallée sur le podium ce mois-ci, histoire de retracer un peu son parcours et remontrer à tous quel champion il est.

LES PREMIERES ARMES

Comme tout compétiteur, Patrick Vallée fait ses premières armes et gagne son expérience là où l’on veut bien le matcher. En 2003, les galas français sont loin d’être légion comme c’est le cas aujourd’hui et Vallée, s’entrainant au club Haute tension, fait ses premières armes au Shooto Hollande. Les trois premiers combats de sa carrière pro ne sont pas un énorme succès (match nul, no contest et défaite) mais Patrick assoit les bases de son style et appréhende déjà le monde du combat professionnel à mesure d’un combat par an. Entre 2005 et 2009, on ne le verra plus combattre et il solde son retour en 2009, avec une nouvelle envie et une détermination sans faille.

LES ANNEES DEXTER

Entre 2009 et 2011, il va enchainer 7 succès de rang et devenir l’un des combattants préférés du public français. Sa ressemblance avec le personnage de série télé « Dexter » augmente un peu plus son aura auprès des fans, tout comme son style si particulier. Le succès démarre avec une victoire à l’étranger, lors du Fight Festival, contre Marc Cofer sur TKO après un foudroyant coup de genou. La suite va être un florilège de succès. IL met d’abord Lopez Owonyebe KO en 40 secondes lors du 100% fight avant de briller au PFC 2 à Marseille contre Said Khalilov.

Invité par Atch au 100% fight VIP qui se déroule à l’Espace Fraternité d’Aubervilliers, lors du tirage au sort, il se pointe sur le ring, en slip ! Parce que Patrick Vallée est comme ça, nature, sans chichis, un personnage vrai dans un sport où beaucoup aiment montrer un visage qui ne les reflète pas. Avec les baffes qu’il se prend volontairement par Jean-Marie Merchet à son entrée sur le ring, il a fini de présenter le personnage, le « fighter en claquettes » qu’il aime dépeindre. Il commence par affronter Salvatore Casilli, puis le rematch, en finale, contre Lopez. Le combat dure cette fois-ci plus longtemps mais au deuxième round, Patrick remet le turbo et trouve de nouveau un KO avec un kick excellent. C’est la consécration Patrick Vallée qui remporte le tournoi et le titre.

Plus tard, Casilli voudra sa revanche mais celle-ci se soldera par un no contest. C’est à cette époque que je croise Vallée dans la rue, près de chez moi, la nuit, en train de s’entrainer sur le trottoir. Un personnage, je vous avais dit ! Après une victoire en MMA au HFC, il retrouve le chemin du 100% fight où Atch lui a prévu un combat de folie contre un brésilien arrivé en France il y a eu de temps, Charles Andrade. Le combat est disputé. Tout le monde pense que Dexter trouvera son salut debout mais c’est au sol, contre le spécialiste, au troisième round, qu’il remporte le tournoi, garde la ceinture,  sur étranglement arrière.  En France, Vallée est à son apogée.

LES DOUTES ARRIVENT

Parallèlement au succès de Patrick, un autre combattant français est en train de se faire un nom, dans la même catégorie de poids que lui : Faycal Hucin. Pendant des mois, on entendra les fans demander un combat entre les deux hommes, il faut l’avouer, assez excitant sur le papier. Mais Vallée a d’autres idées en têtes : le MMA. IL croise la route de Brandon Thatch fin 2011 qui l’éteindra en 15 secondes à l’Instinct MMA. S’en suit un succès au BAMMA face au local Andrew Punshon sur soumission, une belle victoire pour le français mais c’est au 100% fight qu’il va finalement s’éloigner, malgré lui, du public français. Défendant sa ceinture contre Daniel Acacio, Vallée a à faire avec un adversaire plus que coriace. Moins fougueux qu’à son habitude, il s’embourbe un peu dans le style adverse et perd son bien sur décision. Disons-le honnêtement, le public ne l’a pas plus soutenu que ça après ce revers et a semblé mettre Dexter un peu de côté, lui préférant d’autres nouveaux visages. Dure loi des supporters souvent !

La suite sera un revers au M-1, un beau succès en Suède et le fameux combat contre Paul Daley en février 2013. Vallée semble blessé au genou mais part quand-même au combat. Face à Daley, c’est quand-même un sacré défi. Il tient tête, avec une stratégie particulière mais qui emble un peu embêter le champion avant que celui-ci ne trouve un cinglant coup de genou.

LE RETOUR EN FORCE

Depuis deux ans, Patrick Vallée ne représente plus Haute tension mais a décidé de combattre pour la team qu’il a crée, la team EAM basée à l’Hay les Roses. Une équipe de potes comme il aime la décrire. Aidé par Olivier Miipapa Pereira notamment dans les entrainements, il forme peu à peu quelques combattants qui commencent à arriver sur le circuit. Avec son agent Pat Wilson, ils travaillent sur de nouveaux défis et c’est donc là qu’on le retrouve en janvier dernier, à l’Extreme Cage Combat, au Canada, face à Ricky Goodall. Là, Patrick ne tergiverse pas et prend le dessus très rapidement sur son adversaire. Vallée a choisi de descendre chez les -77 aussi, une catégorie qu’il juge plus évidente pour lui, en terme de poids naturel. IL a amélioré son hygiène de vie, tout en s’accordant quand-même, de temps en temps, quelques plaisirs. Cette victoire devrait lui ouvrir prochainement les portes du titre, face à McGrath, mais on attend encore les prochaines annonces concernant Vallée.

Pour toutes ces raisons : son talent, le personnage emblématique qu’il est, son envie de combattre qu’il n’a toujours pas perdu, l’excellent rebond qu’il vient de faire, nous voulions lui rendre un petit hommage et le nommer personnalité du mois de février, car s’il ne recherche pas forcément la lumière, la lumière a besoin parfois de s’arrêter sur ceux qui en valent la peine.